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Imaginaires Rationnels | Intro

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Front-cover du magazine pulp Astounding,juin 1950.

Si l’on considère l’omniprésence de la science-fiction dans l’ensemble des supports culturels de notre société, on pourra s’étonner de la relative marginalité des publications en sciences humaines sur ce sujet. En effet, en dépit d’une forte représentation du genre tant dans la littérature que dans les productions cinématographiques, télévisuelles, graphiques, ludiques et vidéoludiques, musicales ou même publicitaires, les publications dépassant le simple cadre de la critique d’œuvres spécifiques ne sont pas légions : force est de constater que, à l’exception peut-être pour le domaine littéraire des études stylistiques, la science-fiction ne constitue pas un objet d’étude identifié.

Ce manque d’intérêt trouve probablement sa source dans le faisceau de connotations que la science-fiction colporte avec elle, qui tourne autour d’une sorte de croyance largement partagée selon laquelle il s’agirait d’une forme culturelle exclusivement destinée à la distraction, évoquant pour l’essentiel des mondes imaginaires. Il en résulte une conception qui assimile la science-fiction à une forme d’échappatoire dont se saisirait une sous-population de geek incapables de faire face à la réalité d’un quotidien comparativement plus dur, et plus morne.

Par ailleurs, en situant ainsi ce domaine dans une opposition binaire entre réalité et imaginaire, on peut effectivement considérer de prime abord qu’un discours de science-fiction ne saurait apporter quelque connaissance sur le monde que ce soit puisqu’il traite pour l’essentiel de choses qui n’existe pas. Si l’on se contente de ce raisonnement rapide et spécieux, il n’y a sans-doute aucun intérêt à se pencher sur la SF : ça ne fait pas sérieux.

Ceci étant dit, il se trouve qu’en tant que genre, la science-fiction cumule une poignée de caractéristiques qui en font un objet culturel assez exceptionnel : nous sommes face à un type de discours massivement diffusé, protéiforme au plus haut point, généralement tourné vers l’avenir qui, s’il traite rarement directement du monde réel, entretient en revanche un rapport constitutif avec la générations d’imaginaires rationnels. Ce sont ces différents traits que je vous propose de développer dans le cadre d’une série de billets à venir.

Le prochain billet devrait porter sur la construction historique de la science fiction en tant que genre ainsi que sur les différents courants qui y on émerger au cours du XXeme siècle : anticipation, space-opera, speculative-fiction, cyber-punk, steam-punk, dystopie, uchronie, livre-univers, biopunk, utopie…

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